Traces de vie

Traces de vie

 

Des traces, de l'encre et du récit de vie

Sociologue de formation, Annemarie TREKKER est autrice; animatrice de tables d’écriture; éditrice pour Traces de vie à Tellin; directrice de la collection Encres de vie chez l'Harmattan/Paris. Comme chacun de nous, elle n’a qu’une vie, mais est détentrice d’une bonne nouvelle : il y a une infinité de façons de se raconter. Cette passionnée d’écriture et de diversité humaine refuse le figé et les étiquettes. Elle se souvient : "J’ai toujours voulu écrire. Je voulais être comédienne; je voulais raconter des vies, autres que la mienne. J’ai la curiosité de voir comment chacun tricote avec ce qu’il a reçu".

C’est en 2004 qu’elle fonde l’asbl Traces de vie, dont les traits du logo évoquent les lignes de la main... Cette association propose, à ceux qui aiment écrire, des tables d’écriture autour de l’histoire de vie, de la mémoire individuelle et collective, mais aussi des suivis en écriture, des accompagnements d’auteurs - voire de l’édition d’ouvrages en lien avec le récit de vie. Annemarie Trekker, à la manœuvre, a su s’accompagner d’un partenaire de choix, Jean-Pierre Vander Straeten, avec qui elle forme un solide binôme complémentaire.

Leur créneau : le récit de vie

Le récit de vie est un genre abondamment pratiqué, notamment dans le circuit de l’autoédition. Pourtant, un bon récit de vie est rarement celui qu’on rencontre à tous les coins de rue; c’est pourquoi des structures comme L'Association internationale des histoires de vie en formation proposent des espaces de réflexion indispensables pour ce genre exigeant qui nécessite, de la part de celui qui accompagne l’auteur, une approche respectueuse, prudente et expérimentée. Annemarie s’en explique : [Quand on touche au récit de vie, on ne sait pas ce qu’on soulève : il est différent de dire à quelqu‘un : Parle-moi de ta famille! et Que sais-tu de ton prénom?. Ce n’est pas que l’on cherche à éviter le drame, mais l’essentiel est d’ouvrir le sens, dans une perspective de construction de soi qui inclut présent, passé et avenir. Un récit de vie, c’est davantage raconter comment on s’en est sorti, plutôt que déverser ses malheurs].

Le récit de vie, ce n’est donc pas un livre explicatif de son histoire; ce n’est pas non plus distribuer les bons et les mauvais points pour diviser son entourage en gentils et méchants. C’est encore moins un règlement de compte ou un espace de psychothérapie.

"Il y a mille façons de raconter une même histoire", explique Annemarie Trekker. Un récit de vie, c’est donc une fiction; une forme de roman personnel, plus ou moins proche de sa réalité. Certains parleront d’ailleurs simplement de récit. Mais tous les romans ne sont-ils pas des récits de vie?…

Pour Annemarie Trekker, écrire un récit de vie, c’est donc (re)donner du sens à sa propre histoire par l’écriture; c’est une narration, jamais figée, qui vit, qui participe à son évolution, pour se réinventer parfois. Pour partager, aussi. Mais elle avertit : "On n’écrit jamais deux fois le même récit de sa propre vie. Et deux récits de deux personnes pour un même fait seront peut-être totalement différents. Pourtant les deux seront sincères. Ce sont deux expériences pour lesquelles les ressentis diffèrent. La mémoire est fascinante… ". C’est pourquoi, la confrontation à l’autre offre une dimension neuve et passionnante.

Les tables d'écriture collectives

Pour Annemarie Trekker travailler en groupe est donc important. En effet, s’il est un genre où l’éditeur - ou un tiers du moins - est indispensable, c’est bien le récit de vie. Un art à part entière, pour lequel il faut être armé : Annemarie Trekker s’y est solidement formée.

Lors de ses tables d’écriture, elle permet à chacun de sortir de la dimension autocentrée pour partager avec d’autres sur la façon dont on raconte son histoire, le tout dans un cadre sécurisé et bienveillant. Il s’agit de petits groupes, de 5 ou 6 personnes, issues de milieux divers, souvent averties par le bouche-à-oreille, qui aiment écrire et se rassemblent pour partager autour de leur écriture de vie.

Bien entendu, un contrat est signé entre ces participants volontaires pour que ces échanges se déroulent dans le respect mutuel où personne ne remet en doute ce que chacun écrit, mais où chacun entend ce que l’autre dit.

Annemarie Trekker propose des thématiques orientées sur la personne et non sur l’entourage. À partir du texte écrit, l’animatrice intervient en premier lieu, grâce notamment à son savoir de sociologue, qui lui permet de situer des faits, des souvenirs ou des comportements dans un contexte et un cadre socio-psychique. Une conversation se tisse ensuite entre tous, autour du texte, mais sans jugement.

Notons que l’asbl organise également des sessions d’accompagnement en écriture, réparties sur plusieurs journées. Ces sessions sont proposées pour permettre à des personnes de travailler sur leur texte dans le but de le rendre public, même à petit tirage, pour un entourage proche, par exemple. Les questions abordées sont : comment faire un récit? Quels sont les thèmes à traiter? Comment éviter les répétitions? Etc.

Et parfois, de tables ou de moments d’accompagnement, émergera un récit, un livre, comme une évidence!

Il est alors possible de l’éditer directement à demeure : ce sont les Éditions Traces de vie.

Les Éditions Traces de vie

Les Éditions Traces de vie sont donc nées des tables d’écriture. De ces dernières peuvent émerger des textes d’une grande qualité. Par conséquent, il peut arriver que le participant souhaite rendre ses écrits publics.  

En 2023, le catalogue des Éditions Traces de vie compte 35 titres et se renouvelle à un rythme d’un ou deux livre(s) par an. Si un texte est choisi pour être publié, il passe toujours par une double révision d’équipe : la lecture d’Annemarie Trekker d’une part, qui accompagne le travail d’écriture, qui lit pour le sens et pour le fond. C’est elle qui travaille également la mise en page. La lecture de Jean-Pierre Vander Straeten d’autre part qui, n’ayant pas assisté aux tables d’écriture, lit pour la forme; ce deuxième lecteur est un secours précieux : "Pour être un bon relecteur, il faut pouvoir s’écarter du sens", précise-t-il.

Il est néanmoins capital de préciser que tous les textes des tables d’écriture ne donnent pas lieu à des publications. C’est plutôt l’exception. Par contre, tous les manuscrits qui parviennent chez Traces de vie seront lus, avec sérieux, respect et attention; un retour sera toujours formulé à l’auteur.

Annemarie Trekker édite chez Traces de vie des récits dont elle estime le public spécifique, lorsque par exemple le livre peut être présenté en table d’écriture. C’est aussi le cas de livres collectifs, ce qui répond pleinement de la ligne éditoriale de l’asbl. Cependant, Annemarie Trekker reçoit parfois des manuscrits d’auteurs qui n’ont jamais participé à ses tables d’écriture, mais dont le récit qualitatif ouvre sur un sujet qui mérite d’être lu par un public plus étendu; c’est alors avec sa casquette de directrice de collection pour l’Harmattan/Paris qu’elle donne son accord pour faire entrer un livre chez Encres de vie. Les livres sont alors réalisés par l’équipe d’Academia-EME.

Il n’en demeure pas moins que la diffusion/promotion reste un problème épineux du monde du livre francophone. Personne n’est magicien, mais chacun, à son niveau, fait ce qu’il peut pour donner au livre l’énergie et le retentissement qu’il mérite.

C’est ainsi qu’Annemarie Trekker, depuis sa grange aux livres tellinoise, met tout son savoir et toute son expertise à ce que les récits qu’elle publie ou qu’elle coordonne, soient les meilleurs, les plus alignés possible...

Plus d’info :

http://www.traces-de-vie.net